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samedi 17 mai 2014

Chers auteurs, libraires, éditeurs et lecteurs, l'hiver vient...

Chers auteurs, libraires, éditeurs et lecteurs, l'hiver vient...
Je ne prends jamais la plume pour exprimer mes opinions politiques, mais les temps changent, je remercie pour cela les idiots savants qui nous gouvernent, et je me dois aujourd'hui d'apporter ma voix aux débats qui agitent la profession des auteurs. Comme beaucoup, je vois notre métier se transformer et souffrir. Combien de dessinateurs, de scénaristes et de romanciers s'appauvrissent alors qu'ils travaillent de plus en plus ?
Au lieu d'aider ces passionnés qui sont les premiers acteurs de l'industrie culturelle qu'on dit si bénéfique à l'essor économique du pays, au lieu de construire un avenir meilleur avec eux, le ministère de la taxe maladive et de l'inculture française ont décidé de leur infliger un curetage fiscal d'une ampleur inédite. Sans entrer dans les détails, il faut savoir que la plupart des auteurs sont des travailleurs pauvres qui bossent une soixantaine d'heures par semaine pour ne même pas gagner le Smic, ils n'ont pas droit au chômage, n'ont quasiment jamais recours aux arrêts maladie (car ils sont indemnisés en fonction de leurs revenus et ne touchent que quelques euros par jour d'arrêt), quant à leur retraite, autant vous dire que c'est une vaste blague. J'oubliais, au niveau fiscalité, ils ne profitent de quasiment aucun avantage et leurs projets artistiques sont très peu subventionnés, voire pas du tout, contrairement à ce qui se passe dans le milieu du théâtre, de la musique ou du cinéma.
Malgré cette situation peu reluisante mais stable depuis des années, les auteurs apprennent cette semaine que leur quotidien va encore s'aggraver. Ils viennent de recevoir un courrier de la Raap (anciennement Ircec) les prévenant qu'à compter de l'année prochaine, ils devraient, en plus de leurs autres cotisations, verser 8 % de leurs revenus afin de se garantir une retraite décente (probablement le minimum vieillesse). Auparavant, les auteurs choisissaient de cotiser au minimum à cette retraite complémentaire obligatoire (formulation paradoxale) car ils aimaient bien utiliser leur argent afin d'acheter du gruyère et du beurre pour accompagner les nouilles.
Ajoutez à cela la TVA auteur qui vient de passer de 5,5 à 10 % et les contrats qui se durcissent, et l'immense majorité des auteurs va se retrouver à la rue ou arrêter d'écrire et de dessiner au profit d'activités plus "raisonnables".

Dans n'importe quelle branche, infliger une baisse de revenus de 12,5 % ( 8 % de nouvelle cotisation retraite + 4,5% d'augmentation de la TVA) serait inenvisageable. Mais auteur, ce n'est pas n'importe quel métier, en plus de dessiner ou d'écrire, nous faisons de bons paillassons. Nous ne pouvons pas bloquer les métros, les trains, le périph parisien ou les aéroports, nous n'avons pas accès aux gros médias, et personne en haut lieu ne nous écoute mais trop c'est trop.

Je n'ai jamais été syndiqué de ma vie, j'ai toujours pensé pouvoir défendre mes intérêts et ceux de mes proches en m'exprimant simplement, aujourd'hui l'impuissance me contraint à réviser mes positions et je viens de prendre ma carte au Snac (le syndicat des auteurs de BD). Je compte dorénavant relayer leurs messages et les aider à la hauteur de mes modestes moyens. En attendant, comme beaucoup, j'utilise le net pour faire connaître la cure d'amaigrissement imposée aux auteurs et j'en appelle aux gens qui aiment la lecture sous toutes ses formes.
Aidez-nous à faire entendre notre voix, partagez les messages de la juste fronde des auteurs, signez les pétitions qui tournent en ligne, et si jamais l'un de vous connaît un ministre (avec un cerveau normalement irrigué), arrangez-nous un rendez-vous. Car ce qu'il manque à nos élus, c'est de bonnes idées et justement les idées, c'est notre métier.

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